vendredi 30 juillet 2010

Terror Bird: Pour qui sonne le glam

terror bird

Même s'il représente pour eux une avancée prudente mais tangible, le EP Shadows in the Halls sorti chez La Station Radar et Atelier Ciseaux est une introduction parfaite à l'univers de Terror Bird, duo synth-glam lo-fi de Vancouver. Alerté par le morceau-titre et par les plus discrets mais captivants I Love No et Lament, je me suis donc plongé à rebours dans leur précédente cassette Sociopaths Are Glam et sa pochette évocatrice.

Evocatrice, car la chanteuse Nikki Never n'a jamais nié ni renié son attirance pour le glam rock. Ce dernier n'étant rien d'autre qu'une histoire de cabaret outrancier où minaudaient des dandys (facticement) transgenres, la musique de Nikki Never et de son compagnon Jeremiah Haywood semble toutefois s'en écarter puisqu'elle nous convie à un spectacle sombre et claustrophobique, sans aucun decorum: des sociopathes animent à présent des marionnettes dans leurs chambres sombres et se déguisent seuls devant leurs glaces faiblement éclairées. Le glam n'est plus grimé mais naturellement blafard.

Les morceaux de Terror Bird laissent des impressions multiples et génèrent des sentiments contradictoires, tout en évoquant des collisions et des collusions hors-normes. Alors s'il est de bon ton de forcément trouver de la pop 8o's et de la new wave dans ces chansons, il est également possible d'y dénicher Depeche Mode chez Italians Do It Better (Dumb Sick) ou d'y rencontrer des Fiery Furnaces enfin humbles et réservés (Beat Off Queen, The Summer of Ages). Et l'on jurerait même entendre poindre de façon incongrue de la kiwi-pop languide chez Twisted Charm (Box Office Boyfriend) ou des claviers très Look Blue Go Purple un peu plus loin. Car l'un de leurs tours de force réside dans cette capacité à faire ressortir des obsessions musicales, en toute irrationalité.

Lien de cause à effet ou non, des visions encombrantes du passé (musicales et au delà) resurgissent avec la musique de Terror Bird et instillent de fait un certain mal à l'aise chez l'auditeur. A mille lieues des rejetons de Disaro, Never et Haywood foutent cent plus les jetons en composant des morceaux souvent anxiogènes laissant apparaître le blanc de leurs os. Des morceaux qui sont comme autant de petites menaces habillées d'un noir qui pourrait se révéler dangereux. Ainsi le duo n'est-il jamais aussi convaincant sur Sociopaths Are Glam que lorsqu'il anémie et assombrit le clair-obscur Nine Million Rainy Days de The Jesus & Mary Chain, livrant une version magnifique en choisissant le côté obscur. Ou lorsqu'il passe Bronski Beat au cirage et les contraint à marcher au pas sur un rythme martial (Smalltown Boys).

Afin de mieux se jouer des règles formatées de la synth-pop sombre et lo-fi, Terror Bird ose alterner ses penchants noirs avec ce qui ressemble à de légèreté. Une légèreté à laquelle personne ne croit et qui, dans mon cas, glacerait encore plus le sang. Mais parfois cette facette plus pop se fait déborder par une théâtralité trop prononcée et certains titres (Even When en tête) sèment le trouble. Et forceraient presque à écarter Sociopaths Are Glam pour un temps, afin de se préserver. Afin de dissiper le malaise et éviter ainsi de se recroqueviller et se tortiller de douleur à son écoute.

C'est précisément cette exubérance suspecte que Terror Bird arrive à mieux dompter sur le EP Shadows in the Halls. S'accordant un son plus dense, à la limite de l'allégresse (à l'image de I Love No) et comptant sur les badinages vocaux de Nikki Never (Shadows in the Hall). Surtout, Lament est une conclusion parfaite. Avec son côté Sonic Youth "sorti du diable vauvert", voici une chanson à l'aise dans le petit monde des complaintes drone-pop synthétiques. Balayant le côté cabaret qui pendait au nez de Terror Bird. Pour toujours?








mercredi 28 juillet 2010

Weed Diamond: Mint in my Mouth

weed diamond

Un jour ou l'autre, je vous parlerai forcément de Weed Diamond. Derrière lequel se cache Tim Perry, un homme moins invisible depuis cette précieuse interview chez Hellhole Entrance.




lundi 26 juillet 2010

Erasers: Death Mix

rupert thomas death mix

Le Death Mix de Rupert Thomas pour le blog Death of A Disco Dancer est une tuerie offrant une petit aperçu, entre autre, d'une partie de la scène musicale de Perth. Pour l'occasion, chaque titre est agrémenté de commentaires par la moitié de Erasers et je suis ravi de le trouver peu tendre avec New Order mais plus qu'attendri par Movement. On est au moins deux.

The Ghost of 29 Megacycles - Dusted
Craig McElhinney- Surfer Realisation
Cease - Three
The Wednesday Society - Pedant
Explode Into Colors - Sharpen The Knife
Gold Tango - Just An Experiment
Tickley Feather - Natural Natural
Wind Waker - Jerka
Downtown - Dumped
New Order - Truth
Predrag Delibasich - The Serpent Bites the Young Lion


samedi 24 juillet 2010

Erasers: Perth et Fracas

erasers

En écoutant la compilation An Empire of Fun du label Solid Melts, je suis tombé raide dingue des mathématiques psyché-poétiques de Erasers sur le morceau You Can Take Better Care of Yourself. Ce morceau est une petite secousse tellurique attirant l'attention sur ce duo de Perth en Australie. Une ville qui a dorénavant trouvé son incroyable talent.

You Can Take Better Care of Yourself et les autres titres jusqu'alors entendus ici ou là et présents sur leur première sortie ultra confidentielle ou sur le récemment acclamé Autumn EP, sont des condensés fracassants du talent de Rupert Thomas et Rebecca Orchard. Les géniaux insolents se permettent le luxe de composer des vignettes psyché-drone (à peine 3-4 minutes) au confluent du post-punk minimal et du krautrock allégé (Autumn Trees), à mi-chemin entre le math rock du premier Foals et drone-pop fragile (You Can Take Better Care of Yourself, Outside Environment), sur lesquels se disputent en toute entente boucles de guitare, rythmes tribaux, et chant de diaphane fatale.

Après cette entrée tonitruante au panthéon des hallucinantes découvertes de l'année (Gauntlet Hair, Yellow Ostrich et Yu(c)k en tête), et malgré une discographie encore difficile à cerner, je suis prêt à miser gros sur Erasers.







jeudi 22 juillet 2010

Yu(c)k: Les Parenthèses Enchantées

Yu(c)k

Il y a peu, les londoniens de Yuck avaient laissé une empreinte tenace avec Georgia. Avec ses airs de chanson de Yo La Tengo assaisonnée à la sauce twee aigre douce, ce morceau enlevé était un titre pichenette derrière l'oreille de The Pains of Being Pure At Heart. Plus récemment encore, le groupe ajoutait des parenthèses à son nom le temps d'un Automatic de toute beauté, minimal et aérien. Et Yu(c)k de tourner le dos à son ancien patronyme et ses précédents titres, comme le 90's friendly Sunday ou un Suicide Policeman encore plus classique.

Avec ces parenthèses enchantées, Yu(c)k explore à présent un monde musical situé entre pop minimaliste et shoegaze spectral. Et cette année il n'y aura aucune chanson plus belle que Automatic, Daughter ou Weakend (contre lequel j'échangerais sans regrets la discographie de Beach House), toutes rassemblées sur le EP Weakend. Un véritable don du ciel (la plupart des titres de Yu(c)k disponibles à ce jour sont d'ailleurs en téléchargement libre sur leur blog) et une réussite magnifique.








http://www.myspace.com/yuckband


mercredi 7 juillet 2010

Unsa Oonm: Denver On the Move

unsa oonm

Comme le dit si bien Crawford de Vitamins dans un récent commentaire sur ce blog à propos de sa ville d'origine: "Denver is on the move". La vivifiante scène de cette ville n'a en effet pas fini de faire parler d'elle. Parmi les plus en vue, l'éclectique label fédérateur Fire Talk (Woodsman, Tennis, ou Pacific Pride partageant des membres avec Tjutjuna) accueillera bientôt l'électro-acoustique psyché-drone de Unsa Oonm, sur laquelle planent un certain nombre d'esprits bienveillants: Panda Bear (Hypodermic Bunnies), Suicide (Me Gusta La Forest), Pete Kember (Borders), ou Songs:Ohia à l'époque bénie de Ghost Tropic (Rubedo).

La musique de Unsa Oonm semble comme un repos halluciné et méditatif (Citrinitas, Trees Hide Elephants) abritant en son sein des petites tempêtes menaçantes. Qui ne demandent qu'à prendre de l'ampleur dans les mois qui viennent et devenir de vrais tourbillons. Levant par la même sur le mystère, du moins le manque d'informations, entourant Unsa Oonm.





lundi 5 juillet 2010

Pacific Pride: Mario Mondays

pacific pride

Qu'est-ce que vous voulez, je suis bon public et j'aime bien la grande naïveté de cette vidéo et les tics très Soft Pack prépubères de Pacific Pride sur ce titre. Rejetons de toute la petite scène de Denver, Colorado mise en lumière par Fire Talk (le label dirigé par Trevor Peterson de Woodsman) Pacific Pride est bien le groupe potache que l'on croit.

Aux côtés de la garage pop de Mario Mondays, les chansons du trio sont surtout des rencontres malicieuses entre Pavement et The Clean, forcément (It's Wolfie (Let Him In) et How Would I Know?). Un peu comme des hits de Surf City amusants et bourrés de private jokes. Pas avares de pieds-de-nez, les petits rigolos avaient en tête d'intituler New Odor leur morceau Summer of Femoral Love. Tout un programme.



samedi 3 juillet 2010

Real Estate: Live at Music Hall of Williamsburg

real estate

Un jour il sera temps de se pencher très sérieusement sur le cas Real Estate. Louer comme il se doit ce groupe du New Jersey qui magnétise et subjugue un certain nombre de stalkers bienveillants de par le monde. Car la simplicité évidente de ces petits Garden State warriors se double d'une consistance toujours plus palpable dans leur son, comme en témoigne ce brillant enregistrement d'un récent concert donné à Brooklyn dans le cadre du showcase Woodsist au Northside Festival.

Un concert permettant de prendre le pouls d'un groupe dans la fleur de l'âge et dans toute sa nouvelle dimension.L oin de se reposer sur ses lauriers, Real Estate avançait déjà sur le EP Reality avec notamment un morceau plutôt étonnant pour eux (Drum). Mais sur la scène du Music Hall de Williamsburg, les membres de Real Estate passent la vitesse supérieure sur les nouveaux morceaux en milieu de set et s'y reprennent à deux fois pour en découdre avec une version de Green River exécutée pied au plancher. Des signes qui ne trompent pas: Real Estate en a dans son sac de plage.

Avec ses séduisants airs de ne pas y toucher, Real Estate est un concentré de culture populaire, un mélange allègre de révérences et de références. Un groupe humble mais déjà capital embarquant dans son sillage le renouveau de l'indie-rock américain (Beach Fossils en tête). Capable d'imposer un son caractéristique (Suburban Beverage, Fake Blues) tout en prenant du recul avec la tête aux glorieuses années 90 sur les nouveaux titres joués ce 25 juin.

Sur le fond, et à présent sur la forme avec le nouveau All Out of Tune en ouverture, Real Estate pourrait aisément passer pour le Pavement des années 2010. Transformez le sable en bitume ou coulez les pieds de Real Estate dans le béton, et vous aurez du Sonic Youth dernière mouture (écoutez pour vous en convaincre le morceau planqué au chaud entre Suburban Dogs et Atlantic City). Ménagez leur une place sur une promenade d'Hoboken et vous aurez Yo La Tengo (Basement ou la neuvième plage, encore sans titre, de cet enregistrement).

Au Music Hall de Williamsburg, Atlantic City et sa basse Kim Deal qui flambe encore plus comme une fofolle débutante au casino de la station balnéaire du même nom, est suivie par la délicieuse Beach Comber. Une chanson rattrape-coeur, qui fait donc par nature son effet à chaque écoute et fonctionne comme la madeleine indé qu'elle est. Ravivant la flamme pour ce groupe symbole d'un été dernier séminal. Et le concert de ce soir-là de resituer Real Estate au niveau de ses pairs prodiges.



(via nyctaper)

vendredi 2 juillet 2010

Abe Vigoda: Throwing Shade

abe vigoda

Il me semble que j'ai l'impression de penser que je pourrais finalement être éventuellement convaincu des nouvelles orientations d'Abe Vigoda. Car il se pourrait qu'il reste quelque chose du groupe originel. Finalement peut-être éventuellement.



jeudi 1 juillet 2010