vendredi 28 janvier 2011

Makeout Videotape: Only You

makeout videotape

Cette chanson était pas mal aussi, remarquez...



mardi 25 janvier 2011

Yes Know: Here, Somehow Together

yes know

Sur la compilation Weekly Magic Tape #9 de Fabien, le brillant Somehow Together de Yes Know est tel un discret pavé dans la mare dont le front d'onde voluptueux arriverait tant bien que mal à secouer les eaux calmes du petit monde musical actuel. Tel une ballade brumeuse d'inspiration shoegaze qui ne cache donc rien de ses origines géographiques (Mountain View, au sud de San Francisco). Une chanson folk spectrale qui finirait par s'enticher du To Here Knows When de My Bloody Valentine venu le hanter.

Ce titre discrètement fulgurant de l'inconnu Sandy Gilfillan - seul aux commandes de ce projet - est l'un des fers de lance d'une flopée de morceaux à télécharger temporairement individuellement. Des morceaux qui composent un album comme coupé en deux, révélant deux orientations bien distinctes. Avec d'un côté, des exemples soignés et épurés (What World) de bedroom folk niché en plein coeur de la Silicon Valley, mais à l'horizon pourtant dégagé (Crumble or Flow, These Waiting Years). Culminant avec un You & Me en forme de Stone Roses revisité par le John Matthias de Smalltown, Shining. Et de l'autre, des morceaux un cran au dessus, plus aventureux et touchés par une grâce rare: Somehow Together, donc, mais également Sometimes Somewhere et Roll. Ou encore le lancinant The Upward Stairs.

A l'écoute de Here, fantastique titre d'ouverture faisant la nique à Galaxie 500, The Jesus & Mary Chain ou Yo La Tengo, je ne saurais que trop encourager - voire conjurer - Sandy Gilfillan d'embrasser cette seconde voie.





lundi 3 janvier 2011

Young Prisms: Vol par Réfraction

young prisms

En bon stalker et fétichiste des groupes fétiches que je suis, je me suis complu dernièrement à épier les derniers balbutiements de la tournée des Young Prisms sur notre continent. Une fin de tournée qui est tout sauf une sinécure. Les éléments naturels se disputant aux aléas inhérents à une telle entreprise pour un groupe d'à peine deux ans d'âge. Les quelques mots mutins prononcés par Stefanie Hodapp lors de leur passage inespéré à la Flèche d'Or ne pouvaient présager ce qui se tramait et se profilait. Elle qui plaisantait (à moitié) en se voyant déjà coincée pour toujours à Paris avec ses compagnons, ne pouvait imaginer le chemin de croix qui les attendait, non pas à Paris, mais à l'aéroport de London Heathrow le lendemain. Loin d'imaginer qu'ils eussent pu être cloués au sol par un voile neigeux opaque, j'avais naïvement souhaité leur offrir une tempête blanche en bonne et due forme, quelques heures avant leur concert. J'avais prié pour voir chaque passant parisien englué dans une épaisse couche de neige et le visage giflé par un blizzard glacial. Comme gage de mon admiration sans borne pour ces fans invétérés de My Bloody Valentine, j'avais imploré le ciel que les-dits passants soient contraints de progresser têtes baissées en signe de dévotion, forcés de regarder leurs chaussures avec attention pour rester debout.

Je ne verrais mes voeux exaucés que pour une poignée de minutes car déjà les flocons laissaient place à une gadoue informe toute parisienne. Et plus tard je me trouverais à alterner entre petits pas sur les trottoirs et grands écarts pour enjamber des flaques bien dissimulées. Puni, je me retrouverais à piétiner et à pester en me coltinant l'interminable rue de Bagnolet, qui se parait pour l'occasion de ses plus beaux atours d'impasse grisâtre, pour finalement atteindre Notre Dame de l'Improbable et sa programmation à l'avenant. Car une fois sur place, il m'aura fallu une bonne dose de magnanimité pour ne serait-ce qu'accepter l'idée que l'on ait pu apposer (opposer) aux Young Prisms un groupe comme Ladylike Dragons. Pour ne pas sombrer avec le constat implacable que Paris n'a rien à proposer pour tenter de rivaliser. Un traquenard et une affiche malheureuse que l'on mettra sur le compte d'une mansuétude toute historique de la part de cette salle pour des groupes locaux.

C'est donc dans l'indifférence quasi générale d'un public ignorant le trésor qui se terre au fond de la salle (le LP de Friends For Now dont la date de sortie officielle chez Kanine Records n'était prévue qu'un mois plus tard) que les Young Prisms envahissent modestement la scène. Fidèles à l'image no gaze qu'ils projettent dans les inconscients, mais réservant une surprise de taille avec l'absence du guitariste de la première heure Jason Hendardy. Cette absence remarquée forcera le rescapé Matthew Allen, sorte de Lockett Pundt échappé des couloirs de lycée de Gus Van Sant, à en avoir sous les pédales pour palier seul à cette défection. Et permettra au groupe de diffuser un son moins massif, laissant une part plus belle aux voix entremêlées des membres présents. Notamment celle de Giovanni Betteo à la basse, plus que jamais dans un rôle de meneur de troupe ce soir-là. Et celle de Stef Hodapp, discrète avec ses faux airs de Mary Pearson (High Places), et pour le coup presque surexposée sur cette scène. Comme prise de nuit dans des phares de voiture. Le batteur Jordan Silbert, en retrait, et Matt Allen, planqué sous sa chevelure, cachant bien leur jeux vocaux, comme prévu.

Mais même en formation réduite, le son Young Prisms est là. Tendu et élastique. Heavy et éthéré. Leurs chansons sont comme autant de petits flirts frappés subitement par la foudre. Des morceaux qui voudraient perforer les plèvres pour se nicher dans les coeurs. Ou inversement. Ce samedi soir, j'aurais échangé dix ans de ma vie contre leur version de Dreamcatcher Panoramic pleine de fougue mélancolique. Et je me pris sur le moment à envisager un avenir radieux pour ce groupe précieux capable de transformer des jeux de regards en passion dévorante.

Surtout, cette nouvelle configuration donne envie de se passionner pour le présent de Young Prisms et délaisser un temps la relative mythologie entourant le groupe. De la période proto-Young Prisms dans un lycée de San Matteo au sud de San Francisco, au recrutement par le trio fondateur Betteo/Allen/Hendardy du batteur Jordan Silbert, en provenance du Michigan. De cet appartement un rien moisi mais fédérateur dans Mission District à l'élaboration du nom de groupe qu'on leur connaît actuellement (Young Money deviendra judicieusement Young Prisms avec une concordance des deux termes digne de Paul Auster, Hendardy relevant lui-même dans une précédente interview la coïncidence et rappelant le contribution du physicien Thomas Young aux sciences de l'optique). Des bancs des écoles d'art aux petits boulots pour financer le passage à l'âge Young Prisms. De leur adolescence suburbaine confinée derrière des stores vénitiens à leur jeunesse prismatique, auréolée d'une gloire naissante. De leur CD-R artisanal, mué en 12" inaugural par la grâce du label Mexican Summer, au fantastique LP Friends For Now. Un point d'orgue, déjà, pour ces jeunes autodidactes. Et l'aboutissement de deux années passées à polir les facettes de Young Prisms et éprouver la formule lors de concerts et tournées partagés en compagnie de contemporains flamboyants (les frères jumeaux spirituels Weekend, Pure Ecstasy, Real Estate, Ladylike Dragons). Des groupes qui ont certainement un peu déteint sur les Young Prisms, comme pourrait en témoigner ce These Daze - hébergé cette année le temps d'un split 7" avec Mathemagic sur le label Atelier Ciseaux - en forme de vibrante escapade du côté des Texans de Pure Ecstasy. Mais les Young Prisms gardent la main. Et si la palette rock à leur disposition reste primaire et universelle (shoegaze, psychédélisme heavy, noisy rock), leurs chansons brillent par une réserve et une singularité vicieuses.

Evidemment, Friends For Now et ses géniteurs ne manqueront pas d'être regardés de haut par des contempteurs criant au vol caractérisé. Mais, soyons bons joueurs, il faudrait plutôt y voir du vol par réfraction. Et dans ce cas, les meilleurs indices de cette réfraction seraient certainement des morceaux comme Sugar (dédicacé chaleureusement à Rémi d'Atelier Ciseaux à la Flèche d'Or) ou In Your Room, qui décomposent les références (My Bloody Valentine, Sonic Youth) autant que les influences inconscientes (Deerhunter, le néo psychédélisme de Pocahaunted). Celles-ci ressortent sous un angle nouveau, tout en gardant la même amplitude et restant en parfaite phase avec chacune. Les Young Prisms transforment toujours autant le bruit blanc en arc-en-ciel mais les irisations qui en résultent sont à leur tour délayées avec les couleurs pastel d'un chant discrètement omniprésent qui fait toute la force et l'originalité du groupe. Ainsi, les voix de Stef Hodapp et de ses comparses sont régulièrement noyées sous le déluge mais portent littéralement les meilleurs titres de l'album (If You Want To et Eleni, en tête). En tentant constamment de s'élever parmi le bruit, ces voix finissent par éclairer et irriguer chaque morceau. Les paroles semblent secrètement gardées. Leur contenu brouillé, leur portée estompée et leur signification diluée. Les Young Prisms maîtrisent comme personne la dynamique du mystère (Breathless) en charriant des parties vocales psalmodiées et des incantations païennes (Feel Fine, All Day Holiday).

On entre dans Friends For Now - et son titre en forme de constat plus désespéré qu'il n'y paraît - par le morceau du même nom, drone enfariné comme une matinée brumeuse. Rapidement enchaîné à If You Want To, incroyable brûlot addictif et bourrasque décoiffante à la beauté insondable. Rejeton turbulent du Sensitive de The Field Mice, claquant en quelques minutes l'héritage de ce titre dans la drogue. Suit Sugar, qui donne une version californienne du rock de Deerhunter avant d'être prise de convulsions à mi-parcours. Un titre à la peau blanche - sans être cireuse - dissimulant à peine l'ossature saillante du groupe d'Atlanta, et parsemée des tatouages californiens énamourés de Bethany Cosentino (Best Coast). Puis Eleni se charge de hanter, presque religieusement, un morceau de pure bravoure heavy.

Pierre angulaire en plein centre de Friends For Now, In Your Room est une plongée définitive au fin fond du monde Young Prisms. Un mélange bruyant de shoegaze viscéral et de psychédélisme épidermique, enregistré à Denver par James Barone (Tjutjuna) et qu'on imagine sous la haute bienveillance du local Woodsman et de son label Fire Talk. Un tire symbolique entre le couch surfing chez Baby Birds Don't Drink Milk et l'incruste dans les intérieurs luxueux des plus grands (My Bloody Valentine, Sonic Youth). Un titre révélateur de l'état d'esprit et des conditions dans lesquelles ont été enregistrées les pépites de Friends For Now. Le groupe s'est en effet souvent répandu sur cette notion de songwriting collectif qui avait plané tout du long de l'élaboration du disque entre Denver et le studio de Monte Vallier à San Francisco - ce dernier ayant aussi vu Shaun Durkan et ses Weekend prendre leurs quartiers pour l'enregistrement de Sports. Les membres de Young Prisms ont régulièrement reconnu que les moyens mis à leur disposition leur avaient enfin permis de jouer à fond la carte de la cohésion, loin des premiers enregistrements lo-fi du groupe. Avec pour brillante illustration cette relecture léchée de Feel Fine, reléguant la version d'origine présente sur leur premier EP (en compagnie d'autres merveilles touchantes comme Dreamcatcher Panoramic et Weekends and Treehouses) à un rôle de démo.

Cet esprit collectif aura perduré - au moins - jusqu'à la finalisation de Friends For Now. Jusqu'à l'épilogue Stay Awake, étonnante comptine spectrale bricolée qui doit autant à Grandaddy qu'à Cocteau Twins (heureusement). Bienvenue aux confins du monde Young Prisms: une côte claire obscure et rocailleuse, érodée par un océan d'insouciance.








dimanche 12 septembre 2010

Not Just a Ghost's Heart

songs:ohia

L'une des meilleures chansons tirées d'un des meilleurs albums de tous les temps. Not Just a Ghost's Heart de Songs:Ohia étale toujours autant sa force implacable et vous fait vous sentir ce que vous êtes. De toute façon vous n'êtes rien face à Ghost Tropic. Un album dangereux et salvateur.

mercredi 8 septembre 2010

Mathemagic // Young Prisms Split 7"

mathemagic//young prisms

La nouvelle petite merveille du label français Atelier Ciseaux est un split 7" rassemblant Mathemagic et Young Prisms. Ces derniers qui ont pour habitude de transformer le bruit blanc en arc-en-ciel reviennent ici avec These Daze, une surprenante balade shoegaze psychédélique et claire-obscure, délocalisant The Jesus & Mary Chain en Californie. Et offrent ainsi un écho troublant à la chillwave rêveuse du célèbre Breaststroke de Mathemagic, pour la première fois ici en vinyle.

Cerise sur le gâteau de ce split: le délicieux Ivory Coast et sa dream pop tropicale, disponible en téléchargement avec la copie physique du split. Un morceau inédit de Mathemagic, emblématique du talent indéniable du trio de Guelph, Ontario formé par les frères Euteneier et Karen Jacobs de Free Kisses.

La pertinence de l'alliance à priori contre-nature entre Mathemagic et Young Prisms est parfaitement mise en lumière par les vidéos officielles des New Yorkais d'Eyebodega réalisées pour l'occasion. Chacune magnifiant les caractéristiques de leur morceau. Alors que le charme mystérieux du fantastique These Daze opère de façon encore plus glaciale et irréelle, Breaststroke y apparaît encore plus chaude, colorée, et hypnotisante. Des réussites sur toute la ligne.







Commandez tout ça chez Atelier Ciseaux, Rémi se fera un plaisir de vous l'envoyer.