vendredi 30 avril 2010

Fungi Girls: Turquoise Hotel/Owsley Knows

fungi girls

Et voilà. Il a fallu que je me fende chez Delicious Scopitone d'une envolée lyrique lo-fi sur les gamins de Fungi Girls. Pour moi ils avaient "clairement quelque chose". Et j'ai même martelé que j'en étais persuadé.

Les Fungi Girls n'attendent plus leurs parents à l'accueil mais maintenant ils veulent des scooters. Et le twee grunge regardant ses Van's de Seafaring Pyramids, plutôt efficace, se rallie à la cause musicale du lycéen de base, en terminale à Livry-Gargan dans les années 90 (trop bien Jimi Hendrix, trop bien The Doors, écoute le son de guitare sur ce jam). Résultat du Bac blanc: deux nouveaux titres flemmards, presque des variations sur le même thème. La dissert' Owsley Knows citerait presque le Second Coming des Stone Roses. Le comble du hors-sujet.

Leslie aurait-elle le dernier mot avec ce petit commentaire sibyllin: "Sont tous droit échappés du placard de l'Hacienda des années 90 ces petits !" ?






jeudi 29 avril 2010

J. Irvín Dally: Despistado

j irvin dally

La petite Santa Rosa dans le comté de Sonoma, en Californie, bouillonne et déborde de talents. Dans un élan de conquête moderne, J. Irvìn Dally est venu s'installer dans la ville de Ryan Schmale (That Ghost) et fait plus qu'apporter sa pierre à l'édifice. Son EP Despistado vieillira à coup sûr comme du bon vin local. Comme un grand cru.

Car J. Irvìn Dally est un artiste au talent hors norme. Volubile et aussi dissipé que le titre de son EP voudrait le laisser supposer. Regorgeant de titres plutôt mémorables pour leur âge. Comme ce fantastique Salt Water, incroyable collusion des genres entre le folk et le post-rock kiwi (Dally Ho!). Ou Wild Things sur lequel la voix de Jordan réalise des prouesses. Ou encore The Little Ones qui emmène la classe de Morr Music en voyage d'étude déluré sur la Bay Area.

Despistado n'accorde que peu de répit, Shanidar lacérant le coeur en éparpillant les morceaux tandis que les dernières secondes du morceau s'égrainent. Et sa version de Wild Horses des Rolling Stones touche simplement au sublime et vous laisse, tout retourné, face à vous-même. A Santa Rosa, le bonheur ne coûte que 5 dollars.





mardi 27 avril 2010

Max Alper: A Message to You Erudites

max alper

Max Alper est plus qu'un musicologue érudit de plus. Max Alper est un surdoué qui irait étudier la composition à New York en n'ayant rien à y apprendre. Car avec toneclusterfuck, un album au delà du formidable, le jeune musicien atteint déjà une densité de composition proprement hallucinante. J'imagine volontiers Max Alper se réclamer autant d'Erik Satie que du drone abrasif ou de Panda Bear, évidemment (diningroomtable). Mais il faut faudra aussi compter avec quelqu'un confinant les forestiers Six Organs of Admittance dans une serre (tencents). Télescopant le Ribs Out de Fuck Buttons avec un folk ermite comme chez Bonnie Prince Billy (littlelaura). Ou réussissant sur 2am un exercice aussi périlleux que le folk dépouillé.

Max Alper varie les plaisirs avec une honnêteté et une force confondantes. En témoigne ce treefaces qui pioche dans le registre le plus rêveur et le plus aérien des Lucky Dragons. Suivi de près par l'enchaînement boxfanblues et dero qui met littéralement le feu aux poudres. toneclusterfuck en dit long sur la brutalité des sentiments les plus sincères (littlelaura) et sur la jouissance de ces petits riens qui prennent une importance capitale. Le tout grâce à un recentrage constant sur les voix, comme sur l'exemplaire moisturizemyknees (for two male vocalists) ou le drone vocal de dero. Ainsi Alper vous parle comme personne (boxfanblues) et vous buvez ses paroles aussi dénudées soit-elles (heatherland).

Je n'ai jamais entendu un musicologue aussi musical et un érudit musical aussi accessible, divin, et humain, depuis Julian Lynch. Et je n'ai jamais entendu d'album aussi bouleversant que ce toneclusterfuck depuis le Rio Joy de Mountpleasant (et Dieu sait que j'aime Jonathan Phillips). Comme ce dernier, Max Alper maîtrise d'ailleurs avec brio le grand écart entre miniatures sensibles (youareadog ou couldyouhavekilledbees qui nous laissent béats en à peine deux minutes) et chansons dévastatrices. Un message pour vous les érudits: puissiez-vous être aussi sincères que Max Alper.





Télécharger toneclusterfuck (via Sordo Music)



lundi 26 avril 2010

Lucky Dragons: Live at Grrrnd Zero/We Lost

lucky dragons

Petit à petit, à gauche à droite, on ré-entend parler des Lucky Dragons. Ce n'est pas violent. Comme un bâton en bois cognant sur un galet. Juste de minuscules références au duo de LA dans quelques chroniques d'album. L'occasion, en attendant mieux, de ressortir des vieux trucs (mais pas si vieux que ça). Comme cette excellente vidéo, étrangement non référencée sur leur site, d'un live à Grrrnd Zero. Ou ce très bon titre (We Lost) pour un split 7" avec Weekend (et non... malheureusement) chez Swill Children.




samedi 24 avril 2010

Baths: Stupor

baths

L'album Cerulean de Baths n'est pas encore sorti chez Anticon que les Californiens trompent déjà leur monde avec ce morceau enregistré et shooté par Mario Luna (de Milk) en un jour. Tout ce petit monde travaille vite et bien, et devrait se résoudre à s'y habituer. Tant ce Stupor, splendide cousin confiné du voyageur Lifted de Lemonade, est aux antipodes de la glo-fi concassée un peu décevante de Cerulean.



jeudi 22 avril 2010

High Places: Lascive Attaque

high places

Il y a une certaine jubilation à voir évoluer High Places dans le bon sens. Avec le bon tempo. A voir ce duo, constamment affûté, aiguiser encore plus ses compositions musicales. A l'image de Mary Pearson, High Places a toujours pu compter sur sa force de séduction, mais également sur un sens de la mélodie indiscutable. Deux qualités qui prennent une nouvelle dimension sur un High Places vs Mankind affichant une classe folle, presque charnelle. A l'image de The Longest Shadows qui nous fait la totale, musicalement et visuellement. Ou de When It Comes, rêve électro-pop torride ébouriffant la "gloss-fi". Cette musique brillante et à l'esthétique au diapason, laissant passer la lumière sans être transparente. Portée à bout de jolis bras par des diaphanes fatales et dont Memoryhouse serait le fer de lance incontesté.

When It Comes est l'oeuvre d'un duo frileux juste ce qu'il faut pour s'éviter les méandres du Odd Blood de Yeasayer. Un groupe qui apparaît (avec un petit sourire en coin condescendant) comme un référant frappant sur plusieurs titres de High Places vs Mankind. Notamment sur On Giving Up, comme une preuve que High Places, la tête à Los Angeles, a encore les jambes à Brooklyn. Avec le béguin pour Dirty Projectors (She's a Wild Horse).

Souvent accusés de ne pas voir plus loin que le coin de leur block ou le bout de leur borough, Mary Pearson et Rob Barber sont allés trouver à LA un cadre arty, plus sauvage, qui leur sierra à merveille. Une destination leur dégageant de nouveaux horizons musicaux et leur permettant de petits révolutions comme la caresse psyché-drone The Channon. Ou Drift Slayer au cours duquel la dream pop tropicale de High Places se mue en "Apocalypso Now" et sa quête du démiurge Cameron Stallones (Sun Araw).

A présent, Mary Pearson est une chatte sur un toit plus bruyant. Avançant à pas feutrés sur She's a Wild Horse, le titre le plus emblématique de la grandeur de High Places vs Mankind. Regardant ses ballerines tout le long de Canada, belle réussite dream-pop shoegaze. Hébété, presqu'incrédule, l'auditeur écoute maintenant High Places évoluer entre la gloss-fi et la cold-wave psychédélique de Indian Jewelry, et passer au statut d'inventeurs avec la cold-wave tropicale de Constant Winter. High Places vs Mankind est un rêve torride.




mardi 20 avril 2010

What Can The Matter Be?

what can the matter be?

Allez jeter une oreille sur une compilation sélectionnée par mes soins pour mes "homies" et "buddies", comme on dit dans le milieu, de Delicious Scopitone. Mon deuxième nid douillet.

1. Many Mansions - Spirit Song 3
2. Fiveng - Jonah
3. Tonstartssbandht - 5FT7
4. Shahs - Guts
5. That Ghost - Never Have Fun
6. Fluffy Lumbers - Adoration
7. Ghost Wave - Gold
8. The Hairs - Ghetto Control
9. Shocking Pinks - End of the World
10. Liam the Younger - Please See
11. Luxurious Bags - All the Time in the World
12. BAnanas Symphony - Walking the Cow
13. Mat Riviere - Evening Drive
14. Five or Six - Another Reason
15. Max Alper - diningroomtable


(photo: Tim Barber)

vendredi 16 avril 2010

LoneLady: Intuition

lonelady

Cette vidéo est sûrement pour moi la meilleure occasion, voire la seule, de parler de LoneLady. L'opportunité de prendre un petit créneau au milieu d'un concert de louanges à peu près partout. Mais Julie Campbell, sans cacher ses origines et ne faisant que peu de mystères, mérite vraisemblablement cet éclairage soudain. Surtout quand on regarde et écoute de plus près cette version sèche et impeccable de Instuition, le meilleur titre de Nerve Up.

Traitée de la sorte, Intuition prend toute sa non-ampleur et ébouriffe tout du long. Alors bien sûr j'ai toujours eu un faible pour les filles qui rougissaient, mais la façon dont Julie Campbell s'apesantit après les dernières notes dégage une intensité toute particulière. C'est bien là toute la force de LoneLady: cette évocation d'une certaine frange (!) du post-punk et cette capacité de souvent se jouer des codes de ce dernier pour féminiser le tout avec séduction (la scansion toute particulière du "intuition" du refrain fait à chaque fois son effet).

Qu'importe au final si Nerve Up n'est pas parfait sur la longueur et si ses moins bons titres apparaissent bien palots. Les meilleurs chansons de l'album ont quand même de la gueule et font plus que bonne figure. Il y a par exemple ce If Not Now qui innove avec une ritournelle punk-step ou wave-step réellement irrésistible. Ou ce Nerve Up qui fait tiquer tout le monde, entremêlant la tension sexuelle du Slow de Kylie Minogue avec le ravalement de salive de The XX.



jeudi 15 avril 2010

Mount Pleasant: Dancing in the Dark

mountpleasant

(via une communication personnelle du meilleur ambassadeur du magique Mountpleasant)



mardi 13 avril 2010

That Ghost: Roadside Americana

that ghost

Ryan Schmale aka That Ghost, la vingtaine florissante, a l'Amérique dans le sang. Une formule facile qui tombe à pic pour éviter de chercher trop longtemps qui, de la génétique, de la culture populaire, ou du génie, est à l'oeuvre sur Get It and Get Out, dernier EP du Californien de Sonoma County. Appelez ça comme vous voulez mais le résultat est fascinant.

Bien évidemment l'Amérique dans le sang de Schmale est une "certaine" Amérique. Lumineusement sombre et en marge. L'Amérique des bleds paumés, des écureuils grillés sur les barbecues, des outsiders prenant des revanches cinglantes. L'Amérique qui n'est jamais autant admirable que lorsqu'elle gagne une poignée de dollars qu'elle dilapide dans l'heure en crack ou en alcool frelaté.

Get It and Get Out ne s'aventure guère en dehors des sentiers battus mais reste scotché en bord de route. En bordure d'une voie divine qui, oh miracle, est pénétrable. Après un premier LP plutôt apaisé abritant l'une des meilleurs chansons du monde (Never Have Fun), That Ghost peut ainsi offrir avec ce nouvel EP une aire de repos viciée. Un mouroir de chansons de Times New Viking qui ont déjà eu salement leur compte d'Americana crasseuse dans l'Ohio et qui viendraient passer leurs derniers instants et pousser leur dernier souffle (Shouldn't Leave the Estate).

Get It and Get Out est une vraie profession de (lo) foi regorgeant de chansons shoegazabilly pleines de cambouis (Drag Down). Des chansons qui sentent le brûlot et dans lesquelles il y a parfois vraiment du Mudhoney sous Spacemen 3 (The Roof). Des chansons garage-pop qui exhalent le psychédélisme en descente d'acides (The Roof) et qui squattent nos têtes comme on prendrait une chambre à l'année au Chelsea Hotel (The Red Bow). Des chansons qui pourraient avoir été enfantées aussi bien à San Francisco qu'à Brooklyn, Austin ou Ridgewood. Et Later Nights est un nouveau hit fantastique émergeant de cette "certaine" Amérique d'aujourd'hui. L'Amérique sur un piédestal.




dimanche 11 avril 2010

The Hairs: Electric Virgin EP

the hairs

Au sein de The Hairs, Kevin Alvir (membre de Knight School posant pour la photo) et Alex Naidus (bassiste de The Pains of Being Pure at Heart) forment ce qu'on pourrait appeler un "super duo". Soit une variante rachitique et lo-fi du "super groupe". Un nouveau titre de The Hairs vient d'être révélé et le Scabies Babies en question laisse l'impression d'un Alex Naidus gonflant son torse frêle pour en donner en revendre à Kevin Aldir.

Dans ce combat de coqs pour la bonne cause, ce dernier semblait avoir jusqu'à présent pris l'avantage. Tant la kiwi-fi simplissime et diablement efficace de Knight School innervait les chansons gringalettes du EP Electric Virgin de The Hairs (en téléchargement libre chez Holiday Records, sorte de Sarah Records 2.1). Mais la twee-fi de Naidus, formé à la bonne enseigne, semble ne pas avoir dit son dernier mot. Au final, ce combat de coqs est somme toute assez délicieux.




samedi 10 avril 2010

Emily Reo: Witch House

emily reo

Sans grande résistance je me range à la cause d'Emiliy Reo, la petite sorcière bien aimée des blogs musicaux. Une jeune géante de marbre noir dont les chansons dream-pop minimalistes s'insinuent en vous plus qu'elles ne vous hantent. Il y a quelque chose de foncièrement honnête chez Emily Reo et soyez sûrs qu'il n'y a qu'elle, ou presque, pour réussir à rendre adorables des chansons décharnées comme les siennes.

Ses deux dernières chansons (Blue Canoe et Witch Mtn) sont ses meilleures représentantes. Egalement exemplaire, sa reprise du Car de Built To Spill, supérieure à l'originale. Mais bientôt viendra le temps pour Emily Reo de faire ses preuves sur la longueur. Pour éviter q'un éventuel album ne se retrouve systématiquement, et à tort, à la lettre B dans les bacs des disquaires. En compagnie de Best Coast, Broadcast ou Beach House.





mardi 6 avril 2010

Jheri Evans/Weed Diamond/Active Child

jheri evans

Nul doute que Jheri Evans rayonne avec l'un des blogs musicaux les plus influents: Get Off the Coast. Mais ce talentueux touche-à-tou rayonne aussi avec ses collages envoyant Agnes Montgomery en Terre Inconnue avec le National Geographic. Ou avec ses vidéos parfaites pour Weed Diamond et Active Child tout récemment. Brillant.





samedi 3 avril 2010

Weekend: Coma Summer

weekend

Il faut faire des pieds et des mains pour avoir des nouvelles des fantastiques Weekend. Tomber sur leur blog nécessite déjà une bonne dose de chance, alors dénicher un nouveau titre relève de la divine surprise. Quelques secondes suffisent pour vérifier l'authenticité de ce Coma Summer: lo-fi, épique et sauvage. La marque de fabrique de ses créateurs lumineux. Apparemment ce morceau sera retravaillé pour apparaître (avec une nouvelle version de Tiara?) sur l'album Sports prévu cet été.

Je vais encore trépigner d'impatience. Et en attendant je n'ai pas fini de me demander quel sera leur titre sur le split 7" avec l'autre meilleur groupe de San Francisco au monde (Young Prisms) chez les indispensables Transparent.





vendredi 2 avril 2010

Vendredi Seins: Never Have Fun

vendredi seins

Aujourd'hui c'est Vendredi Seins avec la vidéo de Never Have Fun de That Ghost. Une vidéo que l'on doit, tout comme Going Out When It's Warm at Night (un autre de mes morceaux préférés de That Ghost), à ou aux inconnus de Lower East Age. Bien mystérieux tout ça.





jeudi 1 avril 2010

White Hinterland: Kairos

white hinterland

Casey Dienel de White Hinterland ne fait plus de manières. Sur le magnifique Kairos, le duo qu'elle forme à présent avec Shawn Creed trouve la distance idéale pour évoluer parmi ses contemporains. Suffisamment éloigné du côté maniéré et théâtral tellement horripilant de Björk ou Fever Ray. Suffisamment proche du son et surtout de l'esthétique musicale de la nouvelle nouvelle nouvelle vague. Entre psychédélices et pop eighties tamisée. Entre rythmes béatement tribaux et harmonies vocales cristallines et lumineuses. Entre grâce têtue et charme revêche.

Chez le White Hinterland de Kairos il y a un peu de Nite Jewel. Le même équilibre des forces. Mais il y a aussi un peu de la délicieuse Annie Clark (St. Vincent). Un peu de la douce rythmique de High Places (No Logic) ou de celle plus complexe de Dirty Projectors (Magnolias). Et si le grain de folie de Merrill Garbus (tUnE yArDs) est la plupart du temps renfrogné, la puissance évocatrice d'une Mariam Wallentin (Wildbirds & Peacedrums) est au rendez-vous (Thunderbirds).

Casey Dienel a plus d'un tour dans son sac. Minaudant avec bonheur sur Bow & Arrow. Forte tête imposant sa vision de la pop sixties en la confrontant à la pop symphonique de poche de Glass Ghost (Begin Again). Plus loin, la chanteuse originaire de Nouvelle-Angleterre s'emballe exagérément dès les premières paroles de Cataract avant de badiner divinement sur la fin du morceau. Cette progression est la preuve du talent et du potentiel du White Hinterland nouveau. Une illustration de plus du caractère incroyablement abouti de Kairos.

Dorénavant, Casey Dienel possède tous les atours de la grande séductrice musicale: des épaules plus solides qu'on ne pense portant aussi bien la chemise à carreaux en coton que le haut sombre avec des sequins brillants.